“Joie et tristesse sont vraiment proches l’une de l’autre”
Izegem — Les premiers points sont enfin tombés pour le néo-promu en deuxième provinciale, VV Emelgem-Kachtem. Un immense soulagement pour l’entraîneur Geoffrey Barre, qui sort d’un mois de septembre particulièrement difficile, au point d’avoir envisagé de jeter l’éponge la semaine dernière.
Quand on lui demande s’il préfère jouer le haut du tableau en troisième ou le bas en deuxième provinciale, Barre éclate de rire :
“C’est une drôle de question. Bien sûr que c’est plus agréable de jouer le haut du classement, mais nous avons tous décidé ensemble, la saison dernière, de franchir le pas et de tenter notre chance en deuxième. Et j’y crois encore. Nous avons la qualité nécessaire pour viser le milieu de tableau.”
Le début de saison, avec un 0 sur 15, a pourtant été dur à encaisser.
“On n’a pas eu de chance. Dans certains matchs, on méritait un point, voire trois. Mais rien ne tournait en notre faveur, et ça commençait à me ronger.”
Barre, à la tête du club depuis dix saisons, sait à quel point le ciel et l’enfer peuvent se côtoyer. L’année dernière, on lui a diagnostiqué un cancer de la langue. Il a dû subir une lourde opération à Gand, où sa langue a été reconstruite à partir d’un morceau de chair prélevé sur sa hanche. Pendant des semaines, il ne pouvait ni parler ni manger, et avait dû laisser la main à ses adjoints.
“Cette opération a changé ma vie, mais aussi ma manière de vivre. J’ai eu une seconde chance, et je la respecte”, explique-t-il.
“On ne m’a jamais dit que c’était lié à des excès, mais l’alcool n’est jamais un bon conseiller. Dans le foot provincial, la bière coule souvent à flot. Samedi, on a fêté notre première victoire contre Beselare, mais avec modération : j’ai bu une ou deux bières, surtout de l’eau, et ça me convient très bien.”
“J’espère qu’on est lancés maintenant, mais je ne me fais plus d’illusions. Depuis ce cancer, je sais qu’il n’y a plus de certitudes.”
Avant cette victoire, la frustration grandissait. Barre, profondément marqué par sa maladie, se dit plus nerveux qu’avant :
“Je suis souvent survolté. J’ai un rapport particulier au temps, j’aime que tout aille vite. Ne pas prendre de points, ça me pesait énormément. La semaine passée, je suis même allé voir le président pour lui dire que je pensais arrêter.”
Mardi, il n’était pas à l’entraînement : il est retourné à Gand pour parler avec son médecin et son thérapeute.
“J’étais au fond du trou”, confie-t-il. “Il m’a fallu deux heures pour rentrer chez moi. Les larmes n’étaient jamais loin. Heureusement, joie et tristesse sont si proches : samedi, la délivrance. C’était comme si on avait remporté le championnat. Tout le monde était fou de joie. Espérons que ce soit le début d’un nouveau chapitre. Mais désormais, je sais qu’on ne peut jamais rien tenir pour acquis.”
Source : Nieuwsblad